Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) sont la résultante de pensées dérangeantes, répétitives et incontrôlables, causant une forte anxiété. Ces obsessions se focalisent sur des thèmes précis (saleté, l’ordre ou la peur de l’erreur par exemple). Ils sont fréquents et débutent souvent durant l’enfance ou l’adolescence. Ces troubles peuvent être vraiment handicapants mais ils sont tout de même de mieux en mieux pris en charge par les professionnels de santé. La Mutuelle des Services Publics vous explique tout ce qu’il faut savoir sur les TOC en 5 points dans cet article.

 

1. Qu’est-ce qu’un TOC ?

Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) sont des comportements répétitifs et irraisonnés mais irrépressibles qui apparaissent le plus souvent chez des sujets jeunes, voire des enfants. Ils débutent en effet avant 25 ans dans 65% de cas et touche 2 à 3% de la population. Cela en fait la 4e maladie psychiatrique la plus fréquente après les phobies, les addictions et les troubles dépressifs. Les femmes sont autant touchées que les hommes, mais les troubles précoces semblent plus fréquents chez le garçon.

Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) se caractérise par la présence d’obsessions et de compulsions.

Il s’agit de pensées (idées, images) ou d’impulsions (besoins irrésistibles d’accomplir certains actes) envahissantes et récurrentes. Elles concernent des thèmes précis :

  • La propreté
  • L’ordre
  • La symétrie
  • La peur de commettre une erreur
  • La peur de commettre des actes impulsifs violents ou agressifs
  • La responsabilité vis-à-vis de la sécurité d’autrui

Ces obsessions surgissent dans l’esprit sans raison, contre la volonté du patient, de manière contraignante et intrusive. Pour la personne concernée, elles paraissent souvent douloureuses ou inappropriées. Elles peuvent même sembler très déplaisantes, inacceptables ou dégoûtantes. Au quotidien, ces symptômes génèrent angoisse et souffrance.

 

2. Comment se traduisent les TOC ?

Pour prévenir ou réduire leur anxiété, les personnes concernées effectuent des gestes ou actes mentaux répétés – des compulsions. Les compulsions sont des comportements ou des actes mentaux répétitifs (ou « rituels »). Le patient se sent obligé de répéter certaines actions pour chasser l’obsession de son esprit ou pour faire diminuer son anxiété. Il les exécute pour réduire le stress ou la souffrance générées par les obsessions. Selon la nature de ces dernières, les compulsions prennent une forme particulière :

  • Lavage des mains
  • Vérifications
  • Rangement suivant un ordre précis
  • Comptage
  • Prière
  • Répétition silencieuse de certains mots

La personne atteinte se sent obligée d’accomplir ces rituels suivant des règles précises, de façon prédéfinie. Néanmoins, les compulsions ne procurent ni plaisir ni satisfaction : elles n’apportent qu’un soulagement temporaire, avant le retour des pensées anxiogènes. Les personnes qui souffrent de TOC ont pourtant bien conscience que leurs obsessions proviennent de leur propre activité mentale. Il s’agit d’une véritable maladie, parfois très handicapante au quotidien. Elle peut même empêcher d’avoir une vie sociale ou professionnelle normale.

Avoir des pensées intrusives est fréquent, normal, et généralement sans conséquence importante sur le quotidien. Chez les personnes qui souffrent de TOC, ces pensées seraient mal interprétées : elles leur accordent trop d’importance ou les considèrent inacceptables, immorales ou menaçantes. Ce phénomène génère une grande anxiété qui les conduit à essayer de les réprimer à travers ces compulsions.

Environ la moitié des personnes atteintes d’un TOC souffre d’une autre maladie psychiatrique, principalement parmi les troubles de l’humeur, les troubles anxieux et les troubles de conduite alimentaire. Elles peuvent aussi présenter des tics.

 

3. Les facteurs favorisant les TOC

Les facteurs génétiques

Les études réalisées sur des familles de patients qui souffrent de TOC ont montré l’influence de facteurs génétiques dans l’émergence de la maladie, même si leur rôle reste mal défini. L’héritabilité peut monter jusqu’à 65% chez les personnes dont les symptômes surviennent lors de l’enfance ou l’adolescence.

Plusieurs gènes semblent impliqués, liés aux systèmes de neurotransmission sérotoninergique, glutamatergique et dopaminergique. Plus récemment, des données génétiques ont ajouté à la liste les systèmes cholinergiques, ainsi que ceux qui mettent en jeu des opioïdes endogènes, le GABA (acide γ‑aminobutyrique) ou encore la substance P.

Même si les connaissances scientifiques sur les TOC ont progressé, les causes de cette maladie restent inconnues. En général, l’apparition des troubles obsessionnels et compulsifs est progressive, et liée à plusieurs éléments concomitants.

Des facteurs neurophysiologiques et auto-immuns

L’apparition des TOC semble liée à un dysfonctionnement concernant certains neuromédiateurs comme la sérotonine, la dopamine ou la vasopressine. Les scientifiques ont, en effet, identifiés plusieurs circuits cérébraux perturbés et découvert que certaines zones du cerveau sont en hyperactivité chez les personnes atteintes de TOC.

Un dérèglement du système immunitaire pourrait être à l’origine de la fabrication d’auto-anticorps dirigés contre certaines zones du cerveau et serait impliqué dans la survenue de TOC précoces, chez l’enfant.

Des facteurs psycho traumatiques

Enfin, dans 30 % des cas (38 à 54 % chez l’enfant), les troubles obsessionnels compulsifs se déclenchent brutalement, après un traumatisme ou un stress important. Toutefois, ces événements doivent être considérés comme des révélateurs de la maladie, plutôt que comme des causes directes de celle-ci.

 

4. Diagnostic et évaluation de la sévérité des TOC

Le diagnostic de TOC est clinique. Réalisé par un psychologue, un médecin généraliste ou un psychiatre, il se fonde sur des critères internationaux bien définis. La sévérité du trouble peut être évaluée via l’échelle d’obsession-compulsion de Yale-Brown (Y‑BOCS). Ou encore la Children’s Yale Brown Obsessive Compulsive Scale (CY-BOCS) pour les enfants. Ces échelles prennent en compte la durée quotidienne des obsessions et compulsions, la gêne et l’anxiété associés à ces symptômes, la volonté et la capacité du patient à résister aux obsessions et compulsions.

Une évaluation des symptômes de la dépression et de l’anxiété est souvent proposée en complément, ainsi qu’une évaluation psychiatrique globale qui permet de détecter d’autres troubles psychiatriques éventuellement associés.

 

5. Quels traitements pour les TOCS ?

Le TOC est une pathologie chronique qui ne guérit généralement pas toute seule et doit être prise en charge par des professionnels si on veut la traiter. Les traitements disponibles ont pour objectifs d’en réduire les symptômes, pour que le patient retrouve une vie la plus normale possible. Ils améliorent le quotidien d’environ deux tiers des patients, et 20% sont en rémission plusieurs années après le début de la prise en charge.

Les deux traitements de première intention sont :

  • La thérapie comportementale et cognitive (TCC) : Cette psychothérapie courte est le traitement le plus utilisé chez les enfants et adolescents. Elle agit directement sur les comportements problématiques, et cherche à modifier les pensées et les émotions associées au trouble. Le thérapeute aide notamment le patient à affronter progressivement les situations qu’il redoute, sans effectuer de rituel. Chez les enfants, une intervention au niveau familial peut également être recommandée dans certaines situations.
  • L’utilisation d’inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) : Bien qu’on les classe parmi les antidépresseurs, ces molécules ont aussi un effet anti-TOC lorsqu’on les utilise à des doses plus élevées (2 à 3 fois les posologies antidépressives). Il faut au moins 3 mois pour juger de l’efficacité d’un médicament sur l’intensité des TOC. La durée de la prescription est souvent longue – jusqu’à plusieurs années – et se poursuit après la disparition des symptômes. Parfois les traitements de première intention ne sont pas suffisants pour réduire les TOC. Notamment, lorsqu’il y a des tics associés. Il est alors possible d’y ajouter des antipsychotiques qui ciblent la dopamine.

Lorsque les symptômes d’un patient ne sont pas diminués par ces traitements alors qu’ils ont été bien conduits, on parle alors de TOC résistant. Dans ce cas, et lorsque le trouble est sévère et très handicapant, des techniques neurochirurgicales peuvent être proposées dans le cadre de protocoles de recherche :

  • La chirurgie lésionnelle : elle consiste à léser légèrement une zone du cerveau impliquée dans le TOC à l’aide de rayons gamma, sans ouverture de la boîte crânienne.
  • La stimulation cérébrale profonde : est quant à elle une technique chirurgicale qui consiste à implanter des électrodes dans des régions très précises du cerveau

Les TOCS ont un fort retentissement sur le comportement de la personne atteinte. De ce fait elles cachent leur maladie à leur entourage, ou s’efforcent en vain de chasser leurs obsessions et de contrôler leurs compulsions, ou pensent que ces problèmes vont se régler d’eux-mêmes. La Mutuelle des Services Publics a bien compris la difficulté que représente cette maladie pour les personnes atteintes. C’est pour cela que nous mettons tout en œuvre pour accompagner du mieux possible les patients.