Car, à cette période, sous l’Ancien régime, le concept même de protection sociale n’existe pas. La population doit compter sur ses réserves en cas de coup dur ou de maladie. La solidarité présente au sein des différents groupements professionnels se limite aux funérailles ou au secours des veuves et orphelins des travailleurs.
Après la Révolution française, la loi Le Chapelier, promulguée en 1791, interdit les corporations, pour limiter l’influence des groupes de pression et saper les revendications collectives. Si la loi n’est pas strictement appliquée, elle porte de fait un coup aux mécanismes de solidarité déjà à l’œuvre.
La naissance des sociétés de secours mutuels
Prenons quelques instants pour faire le lien avec les mutuelles, puisque cela permet également de mieux situer notre ancrage dans l’économie sociale et solidaire actuelle.
La période, secouée par la révolution industrielle, est le témoin de la misère et de la paupérisation des ouvriers. Elle est propice à la création de sociétés de secours mutuels qui, bien qu’interdites, voient le jour à l’initiative d’artisans qualifiés, afin de garantir un revenu aux ouvriers touchés par la maladie. Elles évoluent clandestinement.
Ce sont les ancêtres des mutuelles actuelles.
Il faut attendre 1852 et le décret impérial de Louis Napoléon Bonaparte pour que les sociétés de secours mutuels soient officialisées, dans un climat tendu qui fait craindre la multiplication de révoltes ouvrières.
Cette officialisation permet de mettre les sociétés de secours mutuels sous contrôle de l’État – la nomination du président par les autorités conditionne leur subventionnement.
La loi du 1er avril 1898 relative aux sociétés de secours mutuel octroie à la mutualité un véritable statut. En effet, c’est d’elle que découlera quelques temps plus tard la « Charte de la Mutualité ». Grâce à elles, la mutualité s’affranchit de la tutelle de l’Etat, se professionnalise et diversifie ses actions. Le nombre et les activités des mutuelles se développent, notamment vers des œuvres sanitaires et sociales et de la prévoyance.