Tendinite de De Quervain chez les agents publics

Qu’est -ce que la tendinite de De Quervain ? 

La tendinite de De Quervain appartient à la famille des troubles musculo-squelettiques (TMS), ces pathologies qui surviennent lorsque les tendons, muscles ou articulations sont sollicités de manière excessive. Elle se manifeste plus spécifiquement au niveau de la base du pouce, là où passent deux tendons essentiels aux mouvements de préhension et de rotation du poignet. 

L’inflammation entraîne un épaississement de la gaine qui entoure les tendons, ce qui gêne leur glissement naturel. Résultat : chaque mouvement devient plus difficile, moins fluide, parfois accompagné de sensations de tiraillement et de douleur. À terme, cette gêne fonctionnelle peut limiter les gestes les plus simples, comme saisir un objet ou tenir un stylo. 

Si cette affection touche des personnes de tous âges, elle reste particulièrement fréquente dans les milieux professionnels où les mouvements sont répétés et intenses. Chez les agents publics, la sollicitation régulière des mains et des poignets dans des tâches variées, qu’elles soient physiques ou administratives, augmente nettement le risque d’apparition de la tendinite de De Quervain. 

Quels sont les symptômes de la tendinite de De Quervain ? 

La tendinite de De Quervain ne se déclare pas toujours brutalement : souvent, elle commence par une gêne légère, que l’on attribue à la fatigue ou à un faux mouvement. Mais au fil du temps, la douleur s’installe et les signes deviennent plus évidents. 

Douleur au poignet et au pouce 

La douleur est le symptôme le plus fréquent de la tendinite de De Quervain. Elle se situe sur le côté du poignet, à la base du pouce, et peut s’étendre vers l’avant-bras. Elle apparaît lors de certains gestes précis, comme ouvrir un bocal, soulever un sac ou même utiliser une souris d’ordinateur. Au fil du temps, la douleur peut devenir constante, même au repos. 

Difficulté à effectuer certains gestes 

Les mouvements de préhension - saisir, pincer, attraper un objet – deviennent de plus en plus difficiles. Tourner une clé dans une serrure, utiliser une souris d’ordinateur ou manipuler du matériel médical peut rapidement provoquer une gêne importante. 

Perte de force dans la main 

Un signe révélateur de la tendinite de De Quervain est la sensation que le pouce et le poignet ne « répondent » plus comme avant. Tenir un objet lourd, porter un classeur ou simplement maintenir un stylo longtemps devient difficile, car la force de la main diminue. 

Sensibilité et gonflement localisé 

La zone douloureuse devient sensible au toucher. Parfois, un léger gonflement est perceptible le long du tendon. Ce signe peut être accentué en fin de journée, après une utilisation répétée de la main. 

Raideur et engourdissement 

Certains ressentent une raideur matinale, avec un poignet moins mobile au réveil. Les gestes sont alors plus lents, et il faut « chauffer » un peu la main pour retrouver de la fluidité. 

Sensations de frottement ou blocage 

Dans les formes avancées de la tendinite de De Quervain, des crépitements, ou une impression de frottement ou de « grincement », peuvent se produire quand le tendon coulisse. Plus rarement, le pouce peut sembler se bloquer dans certains mouvements. 

Pourquoi les agents publics sont-ils concernés ? 

La tendinite de De Quervain est souvent considérée comme une pathologie liée aux métiers manuels ou répétitifs. Or, dans la fonction publique, de très nombreux postes imposent des gestes sollicitant fortement les poignets et les mains. Ce n’est donc pas un hasard si les agents publics figurent parmi les professions les plus exposées. 

Les agents hospitaliers 

Infirmiers, aides-soignants, manipulateurs radio, agents de service hospitalier… tous réalisent des gestes répétitifs sollicitant le poignet : piquer une perfusion, mobiliser un patient, manipuler du matériel médical, soulever des charges ou effectuer des soins minutieux. La pression du temps et la charge physique, parfois en horaires décalés, amplifient le risque de microtraumatismes au niveau des tendons. 

Les agents territoriaux 

Dans les services techniques, les bibliothèques, les archives…, les agents territoriaux manipulent au quotidien du matériel ou des documents. Porter des cartons, utiliser des outils de bricolage, ranger des dossiers volumineux et lourds sont autant d’actions répétitives qui sollicitent fortement les poignets et les pouces. 

Aussi, le travail de bureau n’est pas exempt de risques. Le clavier, la souris, l’utilisation de tampons, l’ouverture et la fermeture de classeurs ou encore le tri et la gestion de documents créent une contrainte mécanique constante sur les tendons. Passer plusieurs heures par jour à faire ce type de gestes répétitifs, sans pauses suffisantes, favorise l’apparition de la tendinite de De Quervain. 

Quelles sont les conséquences de la tendinite de De Quervain sur le quotidien professionnel ? 

Une tendinite de De Quervain, même si elle paraît au départ bénigne, peut rapidement devenir un véritable frein dans la vie professionnelle. La douleur s’accentue avec les gestes répétés, rendant difficiles des activités qui paraissaient anodines. 

Limitation des tâches courantes 

  • Écrire ou taper sur un clavier devient un défi : les agents publics peuvent voir leur rendement diminuer, avec une saisie plus lente et douloureuse. 
  • Porter des charges, même légères, devient compliqué : soulever des dossiers, du matériel ou accompagner un patient mobilisé peut provoquer une douleur immédiate. 
  • Effectuer des soins exigeant précision et rapidité s’avère difficile pour les agents hospitaliers, car chaque manipulation devient pénible. 
  • Réaliser des gestes fins, comme utiliser un stylo, tourner une clé, agrafer des documents ou manipuler des instruments techniques, se fait avec moins de fluidité et de précision. 

Conséquences sur la santé globale 

À force de compenser la douleur, la personne peut adopter de mauvaises postures ou solliciter davantage l’autre main, ce qui entraîne de nouvelles tensions musculaires. Dans certains cas, la gêne devient si importante qu’elle limite aussi les activités personnelles (cuisine, ménage, loisirs), accentuant le sentiment de fatigue et de frustration. 

Risque d’arrêts et d’incapacité 

Non traitée, la tendinite de De Quervain peut évoluer vers une incapacité temporaire nécessitant un arrêt de travail. Dans les cas chroniques, elle peut même laisser des séquelles durables, compromettant la capacité à exercer certains métiers. Ces situations entraînent non seulement une perte d’autonomie professionnelle, mais aussi un impact financier direct : baisse de revenus, dépenses médicales supplémentaires et frais liés à la rééducation. 

C’est dans ce type de situation que la Mutuelle des Services Publics (MSP) apporte un soutien précieux grâce à sa garantie maintien de salaire. En cas d’arrêt prolongé, cette couverture permet de compenser en partie la diminution des revenus et d’assurer une stabilité financière. Les agents peuvent ainsi se consacrer pleinement à leur guérison, sans craindre les difficultés économiques qui pourraient s’ajouter au poids de la maladie. 

Quelques gestes simples pour prévenir la tendinite 

La prévention de la tendinite de De Quervain repose avant tout sur l’adoption de bonnes pratiques au quotidien. Anticiper et adapter ses habitudes de travail permet de réduire considérablement le risque d’inflammation des tendons. 

Varier les gestes 

L’un des meilleurs moyens de limiter la répétition continue est d’alterner les tâches. Un agent peut par exemple alterner la saisie au clavier avec le classement de dossiers ou des appels téléphoniques. De même, un agent hospitalier peut alterner la manipulation de matériel avec d’autres activités moins exigeantes pour les poignets. 

Adapter le poste de travail 

Un poste ergonomique est essentiel. Utiliser une souris verticale, un repose-poignet ou régler la hauteur de son bureau permet de diminuer les tensions. Pour les métiers hospitaliers ou territoriaux, l’usage de chariots adaptés, de matériel roulant ou d’outils avec poignées ergonomiques peut aussi soulager les articulations. 

Faire des pauses actives 

Il ne suffit pas de s’arrêter : il faut mobiliser doucement les tendons. Quelques minutes de relâchement musculaire, des étirements simples du poignet et du pouce, ou un léger secouement de la main pour la détendre sont des habitudes utiles à pratiquer chaque jour. 

Autres conseils utiles 

  • Respecter le temps de récupération : éviter de solliciter intensément le poignet après une longue journée de travail. 
  • Échauffer les articulations : avant de commencer une tâche répétitive, réaliser quelques mouvements circulaires du poignet et étirements du pouce. 
  • Utiliser les deux mains : répartir les efforts évite de surcharger une seule main et réduit le risque de tendinite. 
  • Maintenir une bonne hydratation et une activité physique régulière : cela favorise la souplesse des tendons et la récupération musculaire. 
  • Être attentif aux premiers signes de la tendinite de De Quervain : ne pas ignorer une douleur ou une gêne persistante. Une intervention précoce évite toujours une aggravation. 

Peut-on traiter une tendinite de De Quervain ? 

Lorsqu’une tendinite de De Quervain est diagnostiquée, la première étape consiste à soulager l’inflammation et à éviter l’aggravation. Plusieurs solutions sont proposées par les professionnels de santé, souvent combinées pour une meilleure efficacité. 

Le repos et l’immobilisation 

La mise au repos du poignet et du pouce est essentielle. Le port d’une attelle permet de maintenir l’articulation dans une position neutre, réduisant les frottements et les douleurs. Cette immobilisation est généralement temporaire, mais elle offre au tendon le temps nécessaire pour cicatriser. 

Les séances de kinésithérapie 

La rééducation joue un rôle central. Le kinésithérapeute utilise des techniques manuelles, des massages et des étirements ciblés pour réduire l’inflammation et améliorer la souplesse des tendons. Des exercices progressifs de renforcement musculaire sont aussi proposés afin de stabiliser le poignet et prévenir les récidives. 

Les infiltrations 

Si la douleur persiste malgré le repos et la kinésithérapie, le médecin peut envisager une infiltration de corticoïdes. Elle permet de calmer rapidement l’inflammation et de redonner de la mobilité. Toutefois, cette solution reste ponctuelle et doit être encadrée médicalement. 

La chirurgie (en dernier recours) 

Dans les cas chroniques de tendinite de De Quervain, lorsque toutes les autres options ont échoué, une intervention chirurgicale peut être nécessaire. Elle consiste à libérer le passage des tendons pour qu’ils coulissent de nouveau sans frottement. Cette opération, rapide, est suivie d’une rééducation adaptée pour retrouver une bonne fonctionnalité. 

La tendinite de De Quervain n’est pas à prendre à la légère : elle peut affecter durablement le quotidien et les revenus des agents publics. Prévenir et consulter tôt permet de protéger sa santé et sa sécurité financière.