Qu’est-ce que la surdité professionnelle ?
La surdité professionnelle est une maladie professionnelle. Elle est provoquée par une exposition prolongée à des niveaux sonores élevés sur le lieu de travail.
Elle touche l’oreille interne, et plus précisément les cellules ciliées, responsables de la transmission des sons au cerveau. Une fois détruites, ces cellules ne se régénèrent pas.
La surdité d’origine professionnelle peut être :
- progressive : exposition chronique au bruit ;
- brutale : accident de travail lié à un traumatisme sonore intense.
Surdité professionnelle : quels métiers de la fonction publique sont les plus exposés ?
La surdité professionnelle est trop souvent associée aux ouvriers du secteur privé, notamment dans l’industrie ou le BTP. Pourtant, de nombreux métiers de la fonction publique sont concernés, parfois sans en avoir conscience.
Agents techniques et ouvriers municipaux
Ce sont les agents d’entretien des espaces verts, souvent exposés au bruit des tondeuses, tronçonneuses ou souffleurs. Les ouvriers des ateliers municipaux ou les techniciens de maintenance utilisent également des machines comme les marteaux-piqueurs qui génèrent des niveaux sonores très élevés sur de longues périodes.
Forces de l’ordre et de sécurité
Policiers municipaux ou nationaux sont exposés aux bruits des tirs d’entraînement, des interventions ou des sirènes en cas d’urgence. Les sapeurs-pompiers, quant à eux, peuvent être confrontés à des environnements bruyants, entre alarmes, véhicules en intervention, scènes d’accident et explosions.
Professionnels de l’éducation et de la petite enfance
Les enseignants font face à un bruit ambiant continu dans les classes, les cours de récréation ou les cantines, souvent au-delà du seuil de fatigue auditive. Les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) et les animateurs de centres de loisirs subissent aussi un environnement sonore intense, surtout avec les jeunes enfants.
Agents de transport et de voirie
Conducteurs de bus, agents de collecte des déchets, conducteurs d’engins de voirie ou d’entretien des routes sont tous confrontés à des machines bruyantes, aux moteurs puissants, aux signaux sonores et à un environnement sonore urbain élevé.
Personnel hospitalier et médico-social
Les agents de service en cuisine hospitalière ou les aides-soignants présents dans les blocs opératoires peuvent être exposés à des sons mécaniques forts et répétés (robots, aspirateurs médicaux, alarmes, instruments chirurgicaux), souvent dans des environnements clos et réverbérant.
Employés de bureau en espace ouvert
Même si le niveau sonore est modéré, l’exposition continue dans un espace de travail ouvert génère une fatigue auditive chronique, du stress et une baisse de concentration. À long terme, cela peut favoriser l’apparition de surdité professionnelle, notamment chez les fonctionnaires les plus sensibles.
Quels signes doivent alerter face au risque de surdité professionnelle ?
La surdité professionnelle s’installe souvent de manière progressive et silencieuse. Il est essentiel pour les agents publics évoluant dans des environnements bruyants d’être attentifs à certains signaux d’alerte, parmi lesquels :
- une difficulté à suivre une conversation dans un lieu bruyant (réfectoire, salle de réunion, intervention sur le terrain) ;
- un besoin croissant d’augmenter le volume de la télévision, du téléphone ou des appareils audios ;
- une sensation persistante d’oreille bouchée ou cotonneuse ;
- l’apparition d’acouphènes : bourdonnements, sifflements, cliquetis, etc. ;
- une gêne inhabituelle face à certains sons, même modérés (hypersensibilité auditive).
Ces signes peuvent indiquer une altération progressive de l’audition liée aux conditions de travail. Ils ne doivent pas être banalisés.
Face à ces risques, il est essentiel pour les agents publics de pouvoir compter sur une protection santé adaptée à la réalité de leur métier.
En complément du suivi médical et des actions de prévention, une bonne couverture santé permet de faciliter l’accès aux soins auditifs, aux bilans spécialisés et aux équipements nécessaires en cas de surdité professionnelle.
Dans ce type de situation, il est essentiel de pouvoir compter sur une complémentaire santé fiable et adaptée aux réalités du service public.
La Mutuelle des Services Publics (MSP) répond à ces enjeux en proposant des solutions de santé pensées pour les agents de la fonction publique, quels que soient leur domaine d’activité ou leur environnement professionnel.
Elle offre une couverture complète et adaptée, prenant en compte les réalités du terrain et les risques liés à l’exercice des missions publiques. En complément de ses garanties santé, la MSP propose un accompagnement de qualité, fondé sur la proximité et l’écoute afin de répondre aux besoins des agents publics tout au long de leur parcours professionnel.
Fonction publique : pourquoi la surdité professionnelle est-elle sous-estimée ?
La surdité professionnelle reste encore aujourd’hui une problématique largement ignorée ou minimisée dans la fonction publique.
1. Manque de sensibilisation
Dans de nombreux services publics, la prévention du bruit ne fait pas partie des priorités. Les formations sur les risques professionnels se concentrent souvent sur la chute de hauteur ou les troubles musculosquelettiques. Le risque auditif, lui, reste invisible, silencieux… et donc souvent oublié.
2. Symptômes progressifs et discrets
La surdité professionnelle s’installe de manière progressive. Elle ne provoque généralement ni douleur ni gêne immédiate. Ce qui rend sa détection difficile. Dans de nombreux cas, c’est seulement au cours d’un test auditif ou d’une visite médicale que la perte d’audition est détectée, parfois de manière avancée.
3. Stigmatisation et tabou
Parler de surdité au travail reste difficile pour de nombreux agents publics. Ils craignent d’être considérés comme moins performants, moins aptes à occuper leur poste, ou d’être exclus de certaines missions. Résultat : de nombreux agents préfèrent garder le silence, ne pas consulter et continuer à exercer malgré leurs difficultés.
Quels impacts la surdité professionnelle peut-elle avoir sur la vie des agents publics ?
La surdité professionnelle ne se limite pas à une simple baisse de l’audition. Elle entraîne des conséquences profondes, tant dans la sphère professionnelle que personnelle.
Conséquences sur la vie professionnelle
- Baisse de performance : l’agent rencontre des difficultés à suivre les réunions, à comprendre les consignes verbales ou à gérer des échanges téléphoniques.
- Isolement au travail : pour éviter les situations inconfortables, certains agents préfèrent se replier sur eux-mêmes, réduisant ainsi les échanges avec leurs collègues ou le public.
- Augmentation du risque d’accidents : la sécurité peut être compromise dans certains environnements de travail. Ne pas entendre clairement une alarme, un signal sonore, ou l’approche d’un véhicule peut mettre l’agent en danger.
- Dégradation du climat social : les malentendus fréquents, les répétitions nécessaires ou l’impression d’indifférence peuvent créer des tensions quotidiennes, altérant la cohésion d’équipe.
Conséquences sur la santé et la vie personnelle
- Fatigue cognitive et stress permanent : l’écoute active devient un effort intense et continu. Cela génère une grande fatigue, un épuisement mental, voire un burn-out à long terme.
- Apparition de troubles associés : les bourdonnements, mais aussi l’hyperacousie (hypersensibilité au bruit), peuvent suggérer l’apparition d’une surdité professionnelle.
- Repli social et familial : la gêne auditive complique les interactions lors des repas, des sorties ou des conversations en groupe. Un sentiment d’exclusion finit par s’installer.
Prévenir la surdité professionnelle : un devoir partagé entre administration et agents
La prévention de la surdité professionnelle repose sur une collaboration étroite entre l’administration employeur et les agents publics. Chacun a un rôle à jouer pour limiter les risques et préserver la santé auditive au travail.
L’administration employeur
- Évaluer les risques : l’administration doit identifier et recenser les risques dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP).
- Mesurer le degré d’exposition : dès que le niveau sonore dépasse 80 dB(A) sur une journée de travail de 8 heures, des mesures doivent être prises pour réduire les risques associés.
- Privilégier la protection collective : isolation acoustique des machines, mise en place de cabines insonorisées, aménagement des espaces de travail pour limiter l’exposition directe aux bruits.
- Fournir des équipements de protection individuelle (EPI) : casques anti-bruit, bouchons d’oreille adaptés, doivent être mis à disposition des agents concernés.
- Former et informer : des actions de sensibilisation doivent être menées pour expliquer aux agents les risques liés à la surdité professionnelle.
- Proposer un examen audiométrique : le suivi médical relève de la médecine de prévention. Un bilan auditif doit être régulièrement proposé aux agents exposés, pour détecter précocement toute perte auditive.
L’agent public
- Utiliser les protections auditives : même si elles peuvent parfois être inconfortables, elles restent la meilleure protection contre une perte auditive irréversible.
- Signaler toute situation à risque : prévenez votre hiérarchie ou le comité social territorial (CST) si vous constatez un niveau sonore anormal ou l’absence de protection adéquate.
- Participer activement aux formations : ces sessions sont l’occasion d’acquérir les bons réflexes et de mieux comprendre les risques liés à une surdité d’origine professionnelle.
- Respecter les consignes et zones à risque : certaines zones sont clairement identifiées comme à risque en raison du niveau sonore élevé. Le port de protections auditives y est alors obligatoire.
- Se faire dépister régulièrement : en cas de doute, n’attendez pas. Consultez le médecin de prévention, qui peut vous prescrire un audiogramme pour évaluer votre audition.
En tant qu’agent public, vous êtes en première ligne. Mobilisez-vous pour que la surdité professionnelle ne soit plus un risque sous-estimé. Votre santé auditive est un bien trop précieux pour être sacrifié.
FAQ – Surdité professionnelle : les questions les plus fréquentes
La surdité professionnelle est-elle réversible ?
Non. La surdité professionnelle est irréversible car elle détruit les cellules ciliées de l’oreille interne, qui ne se régénèrent pas. D’où l’importance de la prévention et du dépistage précoce.
Quelle est la différence entre surdité professionnelle et presbyacousie ?
La surdité professionnelle est causée par un traumatisme sonore chronique lié au travail. La presbyacousie, de son côté, est baisse de l’audition liée à l’âge.
Quel niveau de perte auditive permet de reconnaître la surdité comme maladie professionnelle ?
Pour que la surdité soit reconnue comme une maladie professionnelle, la perte auditive doit être supérieure ou égale à 35 dB sur la meilleure oreille.