lutter-contre-les-risques-psychosociaux-dans-la-fonction-publique

Qu’est-ce que les risques psychosociaux dans la fonction publique ?

Les risques psychosociaux (RPS) sont définis comme des risques pour la santé physique et mentale des travailleurs, causés par les conditions d’emploi, l’organisation du travail, les relations sociales au travail et les facteurs environnementaux. Dans la fonction publique, ces risques sont exacerbés par des spécificités structurelles et culturelles et se manifestent de diverses manières. Ils peuvent résulter : 

  • de l’intensité et de la complexité du travail : surcharge de travail, urgences fréquentes, gestion de situations délicates dues à un manque d’effectifs ; 
  • de l’organisation du travail : missions mal définies, objectifs flous, changements organisationnels fréquents et mal accompagnés, faible autonomie, absence de reconnaissance ; 
  • des relations de travail : conflits interpersonnels, harcèlement moral ou sexuel, ou manque de soutien managérial renforcent les risques psychosociaux dans la fonction publique ;  
  • de l’insécurité de la situation de travail : peur des réformes, des restructurations, des suppressions de postes, du manque de perspectives de carrière ; 
  • de la violence externe : incivilités et agressions verbales ou physiques subies par les agents en contact avec le public, plus fréquentes dans certains services d’accueil ; 
  • du déséquilibre vie professionnelle et vie personnelle : horaires atypiques, difficultés à concilier les exigences du travail avec les responsabilités familiales. 

Ces facteurs loin d’être isolés, et en interagissant souvent entre eux, créent un environnement propice à l’émergence des risques psychosociaux au sein de la fonction publique.

Risques psychosociaux dans la fonction publique : quelles conséquences ?

Les risques psychosociaux affectent non seulement la santé physique et mentale des agents de la fonction publique, mais aussi le fonctionnement global des services et l’image du service public auprès des usagers. 

Sur la santé des agents 

  • Troubles musculo-squelettiques (TMS) : le stress chronique lié à une surcharge de travail ou à des postures prolongées peuvent engendrer des tensions musculaires persistantes, des maux de dos sévères ou d’autres TMS. À long terme, ces douleurs répétitives peuvent entraîner des arrêts de travail et nécessiter des séances de kinésithérapie. 
  • Troubles somatiques : une exposition prolongée à des situations stressantes peut provoquer une fatigue chronique, des troubles du sommeil (insomnies, réveils fréquents) et favoriser l’apparition de maux de tête ou de troubles digestifs. 
  • Troubles psychiques : sous l’effet d’une pression constante, les agents peuvent développer de l’anxiété, un burn-out, voire une dépression. Les insomnies répétées fragilisent la résilience émotionnelle, et dans les cas extrêmes, des comportements agressifs ou des pensées suicidaires peuvent surgir. 

Sur la productivité et la qualité du service public 

  • Absentéisme : le mal-être au travail, conséquence directe des risques psychosociaux dans la fonction publique, entraîne des arrêts maladie plus fréquents. À mesure que les agents s’absentent, la charge de travail se répartit sur leurs collègues, créant un cercle vicieux d’épuisement. 
  • Turn-over : bien que la fonction publique soit souvent synonyme de stabilité professionnelle, certains agents peuvent décider de quitter prématurément leur poste ou solliciter une mobilité interne afin d’échapper à un environnement devenu toxique. 
  • Baisse de la qualité du service : un agent en détresse psychologique présente souvent une baisse de concentration, de motivation et des difficultés à communiquer efficacement avec les usagers. Cette situation impacte directement la qualité du service rendu, la satisfaction des administrés et la performance globale de l’équipe. 
  • Conflits et dégradation du climat social : lorsque les désaccords entre agents ou avec la hiérarchie restent sans réponse, ils finissent par éclater, créant un climat toxique dans lequel la coopération et l’entraide s’effacent progressivement jusqu’à disparaître de manière totale. 

Sur l’image et la réputation de l’administration 

  • Conflits médiatisés : lorsque des tensions internes débouchent sur des mouvements sociaux, des grèves ou des plaintes collectives pour harcèlement, la couverture médiatique est inévitable. Ces événements ternissent la réputation du service public, sapent la confiance des usagers et discréditent les initiatives des décideurs locaux. 
  • Impact financier : les coûts associés à l’absentéisme accru (remplacements, heures supplémentaires), aux prises en charge psychothérapeutiques, aux maladies professionnelles ou aux restructurations nécessaires pour pallier les départs sont considérables. Cette charge financière pèse sur le budget de la collectivité, réduisant la capacité d’investissement dans d’autres projets. 

Pour limiter l’impact des risques psychosociaux sur la santé des agents de la fonction publique, notamment physique, il est essentiel de leur offrir une protection adaptée. Raison pour laquelle, la Mutuelle des Services Publics (MSP) propose une offre spécialement conçue pour répondre aux besoins de santé des fonctionnaires territoriaux, grâce notamment à des garanties renforcées. Pour en savoir plus sur nos formules, n’hésitez pas à cliquer ici !

Comment prévenir les risques psychosociaux dans la fonction publique ?

Afin de prévenir efficacement les risques psychosociaux dans la fonction publique, il est primordial de procéder à un diagnostic rigoureux. Celui-ci peut être déployé en plusieurs étapes :

1. Recueil de données quantitatives

  • Enquêtes du climat social : questionnaires anonymes visant à évaluer le niveau de stress, la satisfaction au travail, la perception des relations hiérarchiques et collégiales. 
  • Indicateurs RH : taux d’absentéisme, turn-over, taux de recours aux arrêts maladie longs, nombre de signalements pour harcèlement ou violences internes. 

2. Recueil de données qualitatives

  • Entretiens individuels : discussions confidentielles avec certains agents pour recueillir leur ressenti, leurs difficultés et leur perception des risques psychosociaux dans la fonction publique. 
  • Groupes de discussion (focus groups) : réunions entre collègues pour identifier collectivement les sources de stress, les points de tension et les pistes d’amélioration.

3. Analyse des processus de travail

  • Cartographie des tâches : recenser les activités, évaluer leur complexité ainsi que la charge cognitive et émotionnelle requise. 
  • Etude des circuits d’information : identifier les ruptures de communication (mails non transmis ou mal relayés), évaluer la surcharge de courriels inutiles et recenser les réunions superflues ou répétitives. 
  • Analyse des relations hiérarchiques : observer la fréquence et la qualité des entretiens managériaux et le style de leadership (autoritaire, participatif, délégatif).

4. Évaluation des conditions matérielles

  • Ergonomie des postes : aménagement des bureaux, équipements informatiques et mobiliers adaptés. 
  • Environnement de travail : bruit, luminosité, qualité de l’air, espaces de détente disponibles. 
  • Organisation spatiale : isolement ou proximité entre collègues, accessibilité des sanitaires, zone de restauration. 

Le but de ce diagnostic est de dresser un état des lieux exhaustif des risques psychosociaux au sein de la fonction publique pour cibler les actions de prévention et de gestion.

Comment gérer les risques psychosociaux dans la fonction publique ?

La prévention de l’épuisement professionnel dans la fonction publique territoriale doit être envisagée comme un investissement durable dans le capital humain et la performance de l’organisation. Elle nécessite une approche à plusieurs niveaux, impliquant à la fois l’employeur et les managers.

1. Mise en place d’un dispositif de signalement 

  • Boîte à idées ou boîte à souffrance : dispositif anonyme où les agents peuvent signaler des dysfonctionnements organisationnels, des situations de harcèlement ou des tensions entre collègues. 
  • Référent RPS : nommer un agent formé pour recueillir discrètement les signalements, accompagner les personnes en difficulté et assurer le suivi des dossiers. 
  • Procédure de traitement : définir clairement le circuit de prise en charge des risques psychosociaux dans la fonction publique, en précisant le rôle des RH, des représentants du personnel et du médecin de prévention pour chaque type de signalement.

2. Prise en charge individuelle

  • Entretien avec le manager : face à un signalement, le manager doit organiser un dialogue constructif pour identifier les causes du mal-être, proposer des aménagements de poste ou orienter vers un soutien psychologique. 
  • Evaluation par le médecin de prévention : lorsque les risques psychosociaux dans la fonction publique engendrent un absentéisme répété chez les agents de la fonction publique, le médecin de prévention peut proposer un aménagement de poste, un mi-temps thérapeutique ou un accompagnement spécialisé. 
  • Plan de retour progressif : mettre un protocole de reprise progressive des missions, avec un suivi rapproché, après un arrêt pour burn-out ou trouble anxieux.

3. Gestion des situations de conflit

  • Médiation interne : solliciter un médiateur formé à la résolution des conflits pour faciliter la communication entre les parties concernées et prévenir ainsi l’aggravation des risques psychosociaux dans la fonction publique. 
  • Cellule d’écoute managériale : former certains managers à la gestion des conflits afin qu’ils puissent repérer rapidement les situations à risque et intervenir en amont pour prévenir toute escalade. 
  • Sanctions disciplinaires : en cas de harcèlement avéré, appliquer les sanctions prévues dans le statut de la fonction publique (avertissement, avertissement écrit, mise à pied).

4. Suivi post-crise

  • Bilan du dispositif : à l’issue d’un événement critique (mouvement social, harcèlement moral ou sexuel, etc.), réaliser un retour d’expérience pour évaluer l’efficacité des actions menées contre les risques psychosociaux dans la fonction publique. 
  • Accompagnement collectif : proposer des séances de débriefing collectif, des groupes de parole ou des ateliers de gestion du stress animés par un professionnel (psychologue du travail ou coach). 
  • Renforcement des mesures de prévention : ajuster le plan d’action RPS en fonction des enseignements tirés, réévaluer régulièrement les indicateurs clé (absentéisme, turn-over, satisfaction au travail). 

Ainsi, la gestion des risques psychosociaux dans la fonction publique doit s’articuler autour d’un dispositif global, conjuguant prévention, détection précoce et accompagnement individualisé.

La prévention et la gestion des risques psychosociaux dans la fonction publique ne doivent pas être simplement des obligations légales, mais des impératifs éthiques, sociaux et économiques. Un environnement de travail sain est la condition sine qua non pour que les agents puissent exercer leurs missions de manière efficace et engagée.