
Qu’est-ce qu’une chute de plain-pied ?
Une chute de plain-pied désigne un accident survenant lorsqu’une personne tombe alors qu’elle se déplace sur une surface plane, sans franchir de marche, d’escalier ni de dénivelé. Elle se distingue donc des chutes de hauteur, qui impliquent une perte d’équilibre en montant ou descendant un niveau.
La chute de plain-pied peut avoir lieu à l’intérieur comme à l’extérieur, au cours d’un simple déplacement. Elle est parfois si soudaine qu’il est difficile de l’anticiper ou de l’éviter.
En raison de sa simplicité apparente, elle est souvent sous-estimée, alors qu’elle peut entraîner des blessures sérieuses comme des entorses, des fractures, des contusions, ou encore des traumatismes crâniens.
Pourquoi les agents territoriaux sont-ils si exposés ?
Dans la fonction publique territoriale, la chute de plain-pied est loin d’être un incident isolé. Elle peut avoir de multiples causes, notamment :
Une grande variété de lieux d’intervention
Les agents territoriaux peuvent être amenés à travailler aussi bien en intérieur qu’en extérieur, parfois au cours d’une même journée. Mairie, médiathèque, école, cimetière, cantine, voirie, gymnase, crèche, salle polyvalente : chaque lieu possède ses propres contraintes, ses revêtements de sol, ses niveaux de sécurité. Passer d’un carrelage humide à un sol gravillonné, sans équipement particulier, augmente le risque de chute de plain-pied, surtout si la vigilance baisse entre deux tâches.
Des surfaces souvent accidentogènes
Certaines zones d’intervention présentent des dangers récurrents : passages non nivelés, plaques métalliques, grilles d’évacuation, marches non signalées ou en mauvais état. En période hivernale, les sols extérieurs deviennent glissants, notamment à cause du gel ou de l’humidité. À l’automne, les feuilles mortes peuvent masquer les irrégularités du sol. Dans les cuisines par exemple, des liquides peuvent être renversés sans être immédiatement nettoyés. Tous ces éléments créent un terrain propice à la chute de plain-pied.
Un équipement parfois inadapté ou insuffisant
Si certaines collectivités fournissent des équipements de sécurité (chaussures antidérapantes, vêtements de travail adaptés), cela reste loin d’être systématique. Et lorsque l’équipement est fourni, il n’est pas toujours utilisé, par confort ou par méconnaissance du risque. Les chaussures, en particulier, jouent un rôle déterminant. Usées, mal ajustées ou inadaptées au sol, elles augmentent fortement le risque de chute de plain-pied.
Un rythme de travail propice aux imprévus
Dans la fonction publique territoriale, le quotidien professionnel est souvent marqué par une succession rapide de tâches, parfois très différentes les unes des autres. Lorsqu’il faut enchaîner plusieurs missions dans un temps limité, les déplacements deviennent plus fréquents, les gestes plus automatiques, et le rythme plus soutenu. Cette intensité peut entraîner une forme de précipitation, voire de désorganisation et d’inattention, notamment dans les moments de forte activité.
Une banalisation du risque liée à la routine
Dans des missions répétitives, il est courant de développer des automatismes. Un couloir emprunté dix fois par jour paraît sûr. Une cour balayée chaque matin semble familière. Pourtant, ce sont ces habitudes qui entraînent une perte de vigilance. L’agent territorial n’anticipe plus les obstacles, n’analyse plus les changements du terrain (pluie récente, sol mouillé), et ne se protège plus activement.
En somme, ce n’est pas un seul facteur qui rend la chute de plain-pied si fréquente dans la fonction publique territoriale, mais la combinaison de plusieurs facteurs.
Face à ces risques largement présents dans la fonction publique territoriale, il est essentiel de compter sur une complémentaire santé adaptée à votre métier.
C’est là que la MSP entre en jeu. Ses garanties renforcées permettent une prise en charge étendue : soins médicaux, consultations de spécialistes, frais d’hospitalisation, mais aussi accompagnement en cas d’arrêt de travail ou d’immobilisation. Un soutien précieux pour traverser plus sereinement les conséquences d’un accident de service.
Qui sont les agents les plus concernés ?
Si la chute de plain-pied peut toucher n’importe quel agent, certaines catégories professionnelles sont confrontées à ce risque de manière bien plus régulière, du fait de leurs missions ou de leurs conditions de travail.
- Les agents d’entretien et les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) figurent parmi les plus exposés à la chute de plain-pied. Leur quotidien implique des déplacements constants, souvent dans des lieux fraîchement nettoyés, donc humides. L’utilisation de produits ménagers ou la manipulation de matériel peuvent également générer des situations accidentogènes, en particulier dans les couloirs étroits, les escaliers ou les sanitaires.
- Les agents techniques, notamment ceux affectés à la voirie, aux espaces verts ou à l’entretien des bâtiments, évoluent fréquemment dans des environnements extérieurs ou semi-ouverts. En plus de la météo parfois capricieuse, ils doivent composer avec des sols irréguliers, des gravats, des outils au sol ou des zones mal stabilisées. Leur exposition constante à des terrains imprévisibles en fait des profils à haut risque.
- Le personnel des EHPAD est lui aussi en première ligne. Les déplacements sont nombreux, rapides, souvent effectués en portant du matériel ou en accompagnant des usagers. Le rythme soutenu, les sols parfois encombrés et l’attention portée aux résidents peuvent détourner leur vigilance des obstacles présents sur leur trajet.
- Les agents administratifs, bien que souvent perçus comme moins exposés, ne sont pas épargnés. Une chute de plain-pied peut survenir en glissant sur un sol fraîchement lavé ou sur une rampe d’accès mouillée. Les parkings ou les abords des bâtiments, notamment en période de pluie ou de gel, constituent également des zones à risque. Le sentiment de sécurité lié au travail dans un bureau ne doit pas faire oublier que l’accident peut arriver en quelques secondes.
Chaque métier a donc ses spécificités, mais un point commun demeure : la chute de plain-pied peut survenir à tout moment, dans les contextes les plus familiers.
Comment prévenir la chute de plain-pied ?
En matière de sécurité au travail, la prévention des chutes de plain-pied ne relève pas uniquement du bon sens : elle est encadrée par la réglementation. Conformément à l’article L.4121-1 du Code du travail, applicable à la fonction publique territoriale par renvoi via le décret n°85-603, l’employeur public a l’obligation de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses agents.
Parmi les mesures de prévention recommandées, certaines peuvent être rapidement mises en œuvre et avoir un effet significatif, comme :
- l’aménagement des locaux : il s’agit de veiller à la propreté des sols, de retirer les objets encombrants, de réparer les revêtements endommagés, ou encore d’installer un éclairage suffisant dans les zones de passage ;
- la signalisation des zones à risque : l’utilisation de panneaux « sol glissant » ou « attention à la marche » dans les lieux concernés permet d’alerter les agents et de renforcer leur vigilance ;
- l’attribution d’équipements adaptés, comme des chaussures de sécurité avec semelles antidérapantes. Ces équipements doivent être choisis en fonction des missions, des lieux d’intervention et des saisons ;
- la formation régulière des agents, en particulier ceux qui interviennent dans des environnements à risque. Des rappels sur les comportements à éviter, les gestes de prévention et la posture à adopter peuvent réduire significativement les accidents.
Ces démarches, au-delà du respect de la réglementation, témoignent d’un engagement concret pour le bien-être des agents et la qualité du service public. Une collectivité territoriale qui investit dans la prévention agit à la fois sur le plan humain, financier et organisationnel.
Et en cas d’accident ?
Malgré toutes les mesures de prévention, une chute de plain-pied peut malheureusement survenir. Si vous êtes victime d’un tel accident dans le cadre de votre activité professionnelle, des démarches précises doivent être engagées rapidement afin de garantir une prise en charge optimale et la reconnaissance de l’accident de service.
1. Prévenir immédiatement la hiérarchie
Vous devez informer sans délai votre supérieur direct ou le service des ressources humaines. Cette première étape permet de sécuriser la zone de l’accident, d’éventuellement éviter d’autres incidents similaires et de recueillir les premiers témoignages ou éléments de contexte.
2. Consulter un professionnel de santé
Un passage chez le médecin est indispensable, même si la blessure semble mineure. Le médecin établira un certificat médical initial décrivant la nature des lésions, les circonstances et, si nécessaire, une incapacité temporaire. Ce document est essentiel pour la suite des démarches.
3. Déclarer l’accident dans les délais
La déclaration d’accident de service doit être transmise par l’administration à la collectivité ou à l’organisme de Sécurité sociale compétent. Cette déclaration est accompagnée du certificat médical initial et, d’un formulaire de déclaration d’accident précisant les circonstances de l’accident de travail.
4. Faire reconnaître l’imputabilité au service
L’administration doit ensuite instruire le dossier pour déterminer si l’accident est bien survenu dans le cadre de l’activité professionnelle. Si tel est le cas, il est reconnu comme accident de service. Cette reconnaissance ouvre droit à une prise en charge spécifique : maintien du traitement, remboursement des frais médicaux liés à l’accident, et éventuellement mise en congé pour invalidité temporaire imputable au service (CITIS).
5. Suivi et accompagnement
Si des séquelles subsistent, une procédure de reconnaissance d’invalidité ou d’inaptitude partielle peut être engagée. Il est également possible de solliciter un reclassement professionnel si le retour au poste initial est compromis.
Discrète, mais redoutable, la chute de plain-pied doit être prise au sérieux. Sensibilisation, aménagement et vigilance sont vos meilleurs alliés pour réduire les accidents.