Chute de hauteur dans la fonction publique

Qu’entend-on par chute de hauteur ? 

Une chute de hauteur se produit lorsqu’une personne tombe depuis un point situé au-dessus du niveau du sol. Dans le cadre professionnel, cela peut concerner une chute survenue depuis une échelle, un escabeau, un échafaudage, une toiture, une plate-forme élévatrice ou toute autre zone en surplomb. Il peut s’agir d’une chute dans le vide, mais aussi d’une glissade ou d’un faux pas entraînant une dégringolade depuis une hauteur même modérée. 

La chute de hauteur se distingue des chutes de plain-pied, car elle implique un déséquilibre en élévation, souvent associé à un changement brutal de niveau. La hauteur en question peut être faible (moins d’un mètre) ou plus importante, mais dans tous les cas, la chute se caractérise par une perte de stabilité suivie d’une projection vers le bas. 

Quels sont les agents les plus exposés aux chutes de hauteur ? 

Dans la fonction publique, certaines missions exposent davantage au risque de chute de hauteur, en particulier dans les filières techniques, logistiques et d’entretien. Ce risque est particulièrement présent au sein de la fonction publique territoriale (FPT) et hospitalière (FPH), où de nombreux agents effectuent régulièrement des tâches impliquant un travail en élévation. 

Fonction publique territoriale (FPT) 

  • Agents des services techniques : interventions sur les bâtiments communaux, maintenance de l’éclairage public, pose de signalisation, réparations de toitures : autant de tâches impliquant l’utilisation d’échelles, d’escabeaux ou de nacelles. 
  • Agents des espaces verts : élagage, taille de haies hautes, entretien de talus… Ces missions s’effectuent souvent en hauteur, parfois sur des terrains irréguliers ou dans des  conditions météorologiques variables. 
  • Agents de nettoyage et d’entretien des bâtiments publics : nettoyage de vitres ou de plafonds, accès à des rangements en hauteur, changement d’ampoules… L’usage de petits équipements d’élévation est fréquent, parfois sans accompagnement ou protection suffisante. 
  • Agents de restauration collective (cantines scolaires, crèches, centres de loisirs) : accès aux étagères élevées, nettoyage des hottes et installations suspendues peuvent exposer à des pertes d’équilibre, en particulier dans des environnements glissants. 
  • Bibliothécaires, agents d’archives ou de médiathèques : ils manipulent des documents et ouvrages rangés en hauteur, souvent à l’aide d’escabeaux ou de marchepieds, parfois dans des réserves exigües. 

Fonction publique hospitalière (FPH) 

  • Équipes de maintenance : entretien des installations techniques situées en hauteur (plafonds, gaines, câblages) dans les hôpitaux, les EHPAD ou les établissements spécialisés. Les interventions peuvent avoir lieu dans des zones étroites ou peu accessibles. 
  • Agents de service hospitalier (ASH) : certaines tâches, comme le nettoyage de surfaces élevées ou la manipulation de stores, rideaux ou luminaires, nécessitent l’utilisation de petits équipements d’élévation dans des environnements humides ou encombrés. 
  • Personnels de lingerie et logistique hospitalière : le rangement de matériel, de linge ou de consommables dans des rayonnages en hauteur représente une source fréquente de chutes, notamment lors des livraisons ou des réassorts. 

Cette liste n’est pas exhaustive. D’autres fonctions peuvent également exposer, de façon ponctuelle, à des situations à risque de chute de hauteur (accès à une mezzanine, rangement sur une étagère élevée, suspension de décorations ou d’équipements). Toute tâche impliquant une élévation, même brève, nécessite une vigilance adaptée. 

Les principales causes de la chute en hauteur  

La chute de hauteur chez les agents de la fonction publique résulte le plus souvent de défaillances organisationnelles ou matérielles, qui auraient pu être évitées avec une meilleure anticipation et des pratiques plus rigoureuses. 

L’absence ou le mauvais état des équipements de protection 

Dans de nombreux cas, la chute de hauteur survient parce que l’agent ne dispose pas d’un matériel adapté : absence de garde-corps, d’antichute ou de harnais dans les situations qui l’exigent, ou encore échelle instable ou usée. Parfois, le matériel est disponible mais non utilisé, soit par manque d’information, soit par souci de rapidité. 

Une mauvaise évaluation du risque en amont de l’intervention 

Avant toute tâche en hauteur, une analyse du contexte s’impose. Un sol irrégulier, une météo défavorable, une intervention dans un espace exigu ou fréquenté peuvent rendre la situation plus dangereuse qu’il n’y paraît. Or, il arrive encore trop souvent que l’urgence ou l’habitude prennent le pas sur la vigilance, augmentant ainsi le risque de chute de hauteur, même lors d’interventions courtes. 

Le non-respect des consignes de sécurité 

Même lorsque des procédures claires existent, elles peuvent être négligées, soit par méconnaissance, soit par routine. Ne pas vérifier la stabilité d’une échelle, ne pas travailler à deux lorsque cela est recommandé, ou encore ignorer les consignes de verrouillage d’un équipement sont des comportements à risque fréquents, souvent à l’origine d’une chute de hauteur évitable. 

Le recours à des moyens de fortune 

Par souci de praticité ou par manque de matériel, certains agents utilisent des objets inadaptés pour prendre de la hauteur : chaise, table, bac retourné… Ces solutions improvisées sont instables, non sécurisées, et augmentent considérablement le risque de chute de hauteur, même pour des gestes simples comme attraper un objet rangé en hauteur. 

Des défauts d’entretien des installations ou du matériel 

Un escabeau dont les pieds sont déformés, une plate-forme glissante, des fixations rouillées ou un éclairage défaillant peuvent transformer une tâche banale en un véritable danger. L’absence de vérification régulière du matériel ou de signalement des défaillances contribue à créer un environnement à risque. 

Toutes ces causes de chute de hauteur ont en commun une certaine banalisation du danger. Travailler en hauteur, même quelques minutes, nécessite une préparation rigoureuse et une attention constante, quel que soit le poste ou le lieu d’intervention. 

Quelles sont les conséquences de la chute de hauteur sur la santé et la carrière ? 

Une chute de hauteur n’est jamais un incident anodin. Au-delà du choc physique, elle peut entraîner des répercussions durables sur le parcours professionnel de l’agent. Voici les principales conséquences à connaître : 

1- Conséquences sur la santé 

  • Blessures légères à modérées : contusions, ecchymoses, entorses ou plaies, souvent localisées aux membres inférieurs ou supérieurs. 
  • Fractures et traumatismes : fractures complexes des membres, traumatismes crâniens, lésions de la colonne vertébrale pouvant nécessiter une intervention chirurgicale. 
  • Complications à long terme : douleurs chroniques, limitation de la mobilité, perte de force physique ou troubles neurologiques post-traumatiques. 
  • Incapacité temporaire ou permanente : certaines chutes peuvent entraîner une impossibilité de reprendre son poste dans l’immédiat ou à long terme, selon la gravité des séquelles. 

2- Conséquences sur la carrière 

  • Interruption temporaire de service : en cas d’hospitalisation ou de rééducation prolongée, l’agent est placé en congé pour accident de service. 
  • Inaptitude médicale : si l’état de santé de l’agent ne permet plus d’exercer ses fonctions, un avis d’inaptitude peut être prononcé par le médecin de prévention ou le comité médical. 
  • Reclassement professionnel : l’agent peut être affecté à un poste compatible avec ses capacités physiques restantes, dans la même structure ou dans une autre administration. 
  • Impact sur le déroulement de la carrière : ralentissement de l’évolution professionnelle, perte de certaines primes ou fonctions, voire départ anticipé du service pour invalidité. 

Lorsque les conséquences d’une chute de hauteur compromettent durablement l’activité professionnelle d’un agent, la couverture statutaire ne suffit pas toujours à garantir un niveau de vie stable. C’est dans ces situations que la Mutuelle des services publics, intervient, en proposant des garanties spécifiquement conçues pour accompagner les agents confrontés à des difficultés majeures. 

Parmi elles, la garantie maintien de salaire permet de compenser en partie la perte de revenus en cas d’arrêt prolongé. Grâce à cette protection, l’agent peut traverser cette période d’inactivité avec plus de sérénité, sans subir une dégradation brutale de sa situation financière. 

Peut-on déclarer une chute de hauteur comme accident de service ? 

Lorsqu’un agent est victime d’une chute de hauteur dans le cadre de ses fonctions, il est essentiel de respecter les démarches administratives pour garantir sa prise en charge. 

L’agent doit : 

  • informer immédiatement son supérieur hiérarchique, même si la blessure semble légère ; 
  • consulter un professionnel de santé, qui établira un certificat médical initial précisant les circonstances et les lésions constatées ; 
  • transmettre une demande de reconnaissance d’accident de service à l’administration dans un délai de 15 jours à compter de la date de l’accident, accompagnée du certificat médical et d’un rapport circonstancié. 

Une fois la chute de hauteur est reconnue comme accident de service, l’agent bénéficie d’une prise en charge à 100 % des frais de santé, sans avance de frais ni ticket modérateur. Cette reconnaissance est essentielle pour faire valoir ses droits en matière de congé, de soins et d’indemnisation. 

Prévenir les chutes de hauteur : les obligations de l’administration employeur 

L’employeur public est tenu, au titre de sa responsabilité, d’assurer la sécurité et la protection de la santé physique et mentale de ses agents, conformément au Code général de la fonction publique et au Code du travail applicable en matière d’hygiène et de sécurité. 

Cette obligation passe notamment par : 

  • l’évaluation des risques professionnels formalisée dans le Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), qui doit être mis à jour régulièrement, en particulier après tout accident ou changement d’organisation ; 
  • la mise à disposition d’équipements conformes, vérifiés, entretenus et adaptés à la tâche (échelles sécurisées, nacelles, harnais, etc.) ; 
  • la formation à la sécurité, obligatoire pour tout agent amené à intervenir en hauteur, incluant les bonnes pratiques, les consignes de sécurité, et l’usage correct du matériel ; 
  • la sensibilisation continue, à travers des affichages, réunions d’équipe ou journées dédiées à la prévention ; 
  • l’obligation de porter des EPI (équipements de protection individuelle) lorsque la situation l’exige, avec un contrôle de leur port effectif sur le terrain. 

Souvent sous-estimée, la chute de hauteur peut bouleverser la vie professionnelle d’un agent. De la déclaration de l’accident à la reconnaissance statutaire, chaque étape est essentielle pour garantir les droits de l’agent et, si besoin, adapter son parcours en fonction des séquelles.